Volltext: Ça ira (3 = 1920, juin)

toujours aussi évidente qu’on veut le prétendre 
(Nous croyons que la prononciation du ch 
allemand, en espéranto, doit présenter bien 
des difficultés). Ensuite, la simplicité trop 
grande de l’idiome est un écueil plutôt qu’un 
avantage : le sens d’un mot formé au moyen 
d’une vague racine et de préfixes et suffixes 
reste nécessairement indécis. On supprime 
déclinaisons et conjugaisons ; c’est fort bien. 
Mais on ne met rien à la place qui puisse 
préciser l’expression de la pensée ; elle reste 
ainsi très imparfaite. La grammaire devient 
tellement élémentaire qu’elle semble vouloir 
ressembler à celle du petit-nègre ; et nul ne 
peut prétendre imposer pareil langage, si sim 
plifié soit-il, pour servir d’instrument aux 
relations internationales. Encore moins ima 
ginerait-on une traduction de Shakespeare ou 
de Dante en un si piètre idiome ! 
Il est clair que toutes ces langues, fabriquées 
dans le cabinet de travail d’un savant, sont 
condamnées à disparaître* Aussi voit-on peu de 
philologues — à part l’un des plus grands, 
l’allemand Seidel — qui en soient partisans. 
D’ailleurs, quel pourrait être leur sort ? Ou 
bien elles resteront immuables et figées, comme 
une langue morte ; personne ne s’en servira, 
et elles tomberont bien vite dans l’oubli. Ou 
bien, elles deviendront langues vivantes, évo 
lueront et auront disparues au bout de quelques 
années. Aucun congrès ne pourra éviter 
l’évolution différente chez les divers peuples, 
et le schisme deviendra inévitable. 
On veut une langue internationale ? Mais 
trouve-t-on que le monde ne renferme pas 
assez d’idiomes différents pour qu’on éprouve 
le besoin d’en créer un nouveau ? 
Que ne prend-on le latin, voire le sanscrit 
comme langue universelle ? Ces langues sont 
difficiles, il est vrai, mais elles sont aussi d’une 
grande commodité pour exprimer toutes les 
nuances, toutes les finesses de l’idée. On nous 
objectera que l’extrême complication du sans- 
scrit par exemple, rend cette langue inapte 
à être enseignée aux masses populaires. C’est 
vrai ; mais, il n’est pas probable que, dans un 
avenir très rapproché, les relations inter 
nationales s’étendent tellement que les Lapons 
doivent converser journellement avec les 
Abyssiniens ! 
Et puis, nous abandonnons volontiers la 
défense des langues mortes. Qu’on prenne 
tout simplement une langue vivante : on n’a 
que l’embarras du choix. Les espérantistes, 
idistes, etc, objecteront que cela n’est guère 
possible, qu'il faut ménager les susceptibilités 
nationales. Il y a du vrai, mais se rappelle-t-on 
que beaucoup d’allemands ne voulaient 
adopter l’esperanto parce que son inventeur 
est un polonais, et parce que la langue renferme 
trop de racines latines, pour un tout petit 
nombre de racines germaniques ? C’est d’un 
nationalisme outré, nous en convenons ; mais 
cela prouve que l’inconvénient est presque 
aussi grave pour les langues artificielles que 
pour les langues naturelles. 
Ensuite, parmi les langues européennes, il 
n’y en a que trois ou quatre qui puissent 
sérieusement être prises en considération. On 
peut écarter tout de suite le russe, et même 
l’allemand, comme trop difficiles ; nous reste 
rions en présence de trois langues essentielles : 
la française, l’anglaise et l’espagnole. Cette 
dernière, quoique présentant l’avantage d’être 
extrêmement simple, devra être écartée pour 
tant, à cause de son caractère international 
trop peu prononcé et de la dislocation dont 
elle semble quelque peu menacée ces derniers 
temps. Il s’agirait donc de choisir entre la 
langue française et l'anglaise. 
La langue française présente évidemment 
de grands avantages : elle est l’héritière du 
latin qui, lui, était la langue universelle du 
moyen-âge et de la Renaissance, même du
	        
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