ÇA IRA!
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NOTULES
Les Éperons cfor
“ Ça Ira „ a dédaigné jusqu’ici de
s’immiscer dans la politique locale. Au
jourd’hui nous nous faisons cependant
un devoir de joindre notre protestation
à celle de tous les Flamands sincères
contre les mesures d’oppression prises
par les autorités communales d’Anvers
lors de la manifestation du 11 juillet.
Nous le faisons parce qu’il s’agit ici
d’une question de principe et qu’il est
intolérable à tout esprit libre de voir
une petite secte de fransquillons auto
crates employer la force pour empêcher
le peuple flamand de manifester ses
Opinions. Iniquité d’autant plus grande
du’il n’y avait aucune raison pour inter
dire le cortège flamingant après avoir
toléré la manifestation socialiste du
1 er mai et l’inepté protestation du 13
juin contre le retour des “ boches „. Le
calme avec lequel les choses se sont
passées à Borgerhout a suffisamment
prouvé que des troubles n’étaient pas à
craindre et que c’est uniquement l’inter
diction vexatoire du bourgmestre et de
ses acolytes qui a provoqué les sanglants
événements de ce dimanche de juillet.
Ce sont eux qui doivent être rendus
responsables de la mort de Herman
van den Reeck, un de nos amis de la
première heure, destiné à jouer un rôle
important dans le mouvement interna
tionaliste belge. Il était secrétaire pour
le pays flamand de l’Internationale
Antimilitariste et c’est un des meilleurs
d’entre nous qui disparaît, assassiné par
la réaction. Çâ Ira !
Les Livres
Le retour des hommes, par Luc Durtain
(Edition de la Nouvelle Revue Française,
Paris, 1920).
Luc Durtain est un isolé. Il est modeste et
fier, décisif dans son art, presque un enfant
très précoce dans sa vision des choses. Loin
de la foule....
....vert-bleu qui avance,
La foule à droite, la foule à gauche,
La foule au milieu, et devant ;
loin des groupes où les plus indépendants
finissent par adopter un mot d’ordre, s'ils ne se
révoltent ; conscient da son rôle, avec simpli
cité. Durtain est un beau poète. “Le retour des
hommes „ est un geste défini, qu’on aime ou
qu'on n’aime pas. C’est une œuvre où l’origi
nalité naît de la personnalité, et où la person
nalité naît de la vérité.
Le poète s’insurge contre l’hypocrisie, contre
le brillant qui n’est pas toujours or. Il cherche
la paix dans son âme largement ouverte au vent,
à la nature, à l’amour, car il est l’homme....
....qui rentre chez lui, lentement,
Traînant la mémoire du frère tué,
De la femme partie, et deux jambes
Plus vieilles que lui....
Son regard a une curiosité triste. On dirait
un grand blessé qui guérit et sourit ; mais le
sourire est tragique, parce qu’il est la vie qui a
frôlé la mort. La joie du retour serait parfaite,
si la hantise du carnage ne la troublait. L’image
delà guerre est obsédante. L’homme..,.
....qui songe, étendu,
Croit revoir, dépassant de terre,
Parfois des bras, parfois des pieds.
C’était commode pour accrocher
La capote ou la.cartouchière,
(Quoi ? Il fallait bien rester là).