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me voilà couvert d’opprobre et d’infamie,
laissez-moi, laissez-moi,
il faut que j’en décharge !
et qui le fait au même instant.
Le Sade que nous aimons,
ce n’est pas l’élève des pères jésuites,
mais c’est l’amant de sa belle-sœur,
le séducteur de l’exquise chanoinesse
qui l’aide à faire Dieu cocu par un inceslc.
Le Sade que nous exaltons,
c’est l’emmuré de trente années,
le prisonnier d’Etat, captif de l’arbitraire
sous trois régimes qui lui volent sa liberté.
C’est le révolutionnaire
qui, le premier, crie au peuple la Bastille à prendre;
c’est l'athée
qui brave Robespierre et son Etre suprême
au milieu de la Section des Piques
et jusqu’à la barre de la Convention;
c’est le vieillard impénitent,
précipité dans l’asile des fous
et dont la raison froide affole à la fureur
ministres et préfets de l’épileptique Empereur.
Et c’est le moribond, fidèle à son Dialogue
avec le prêtre qu’il écarte.
Mais plus que le poète et que le philosophe,
ce que nous aimons et admirons en lui,
c’est le dompteur de la nature,
l c’est l’agresseur des dieux,
le contempteur des lois,
le libérateur du sexe,
le rebelle,
Sade.
Maurice HEINE.
Avril 1934.