Volltext: Littérature (2 (1920), 16)

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raie et une belle pomme d’Adam comme en ont à 
Deauville les joueurs de tennis. Un seul vraiment 
intelligent, et auquel il eût été doux d’apprendre les 
quatre saisons, les quatre opérations. Il avait le nez 
levé, comme un fox. A mon âme un doux mouvement 
quand mon regard passait de celui qui avait un sou 
rire passager à celui qui avait un sourire éternel. 
Certains paraissaient faux et truqués comme par des 
antiquaires, et ainsi que mon ami se campait en face 
d’une commode Louis XVI, qu’il la jugeait vraie s’il 
éprouvait il ne savait quelle émotion Louis XVI, je 
me plaçais en face de chacun, je le jugeais, j’éprou 
vais je ne sais quelle horreur calédonienne, quelle 
tendresse papoue. Certains que je croyais avoir vus 
déjà, je les retrouvais loin derrière, souriants de leur 
farce, parvenus à cette nouvelle place par une marche 
oblique ou droite comme le cheval ou le fou. Tous 
marqués au dos du même dessin comme un troupeau 
de dieux appartenant au même homme. Celui-là 
devinant presque, le plus habile, ce qu’était la pensée; 
me parlant par la voix d’un crapaud caché dans sa 
tête, puis, gâté par le succès, sifflant par un serpent 
caché dans son pied... Autour de quelques-uns, sans 
que rien pût faire comprendre cette maternité, le sol 
couvert d’idoles de quelques centimètres. Tous immo 
biles encore comme s’il n’y avait qu’un seul dieu caché 
dans leur armée, qu’il s’agissait pour moi de décou 
vrir, je cherchais, les touchant du doigt, et qu’en fait 
comme Ulysse recherchant Achille dans le régiment 
des filles...; enfin je le trouvai !... 
Jean Giraudoux.
	        
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