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Létoile, lui serrant les mains. — Vous ne me devez rien,
mon ami, c’est de bon cœur.
SCÈNE X
On frappe.
Létoile. —Entrez.
Entre le garçon de bureau.
Le garçon. — Monsieur, les agents sont là.
Létoile. — Bien ; faites entrer. (Aux agents). Saisissez-vous
de cet homme.
Le jeûné homme. — Que se passe-t-il ? Vous êtes complè
tement fou !
Létoile. — Résister est inutile. (Aux agents). J’accuse for
mellement cet homme du meurtre de sa maîtresse, Madame
Valentine Saint-Cervan. Ma déposition sera courte. Je vous
rejoins au commissariat dans un instant. (Les rappelant.) Em
portez cette valise, qui contient les pièces à conviction.
SCÈNE XI
Létoile se promène un moment de long en large et s'arrête
devant la carte de France.
La dactylo. —Monsieur, pourrai-je disposer de mon après-
midi de demain ?
Létoile. —Je vous permets d’aller au Bois de Boulogne.
La dactylo. — Merci, Monsieur.
Létoile, la regardant fixement. — Vous êtes belle, mon
enfant. {Elle baisse les yeux). Auriez-vous peur de moi ? (Elle
s'approche). Est-ce que vous comprenez ce qui se passe ici ?
Le fanatisme est une [lampe merveilleuse à la clarté de laquelle
l’ennui prend des contours inquiétants comme cette carte de
France. Vous pensez sans cesse aux amis de rencontre avec
lesquels on s’étend sur l’herbe ou on devise en riant. Je n’y
vois d’autre inconvénient que cette grande poussière soulevée
par les autos sur la route.
La dactylo. —Nous avons eu aujourd’hui un temps superbe.
Létoile. — 11 m’arrive de faire les cent pas pendant des
heures entre deux numéros de maisons ou quatre arbres d’un
square. Les promeneurs sourient de mon impatience, mais jq
n’attends personne.
La dactylo. — Je ne vous oublierai jamais.