Volltext: Littérature (2 (1920), 16)

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doit remarquer pour tel, au point qu’il convient de dire que 
les gens parlent et s’expriment contre ce langage — au lieu 
que ce soit par lui. 
Tel homme pratique estime* 
que l’humanité, dans son ensemble, est composée de canail 
les; il ajoute que chaque canaille est bonne à quelque chose, 
quand on sait la prendre. Or notre idée du signe relève» 
d’une sagesse de même ordre. Je veux qu’elle nous évite de 
lourdes déceptions: tout de même, trop défiante, soucieuse 
toujours d’imaginer le pire, elle néglige la première res 
source des mots, leur naïve ressource. 
* 
* * 
(Ces deux hommes qui se rencontrent, et disent : 
« Comment ça va ? — Ah, Sadoul a été condamné à mort », 
ou cette jeune femme à son ami: « On m’appelle qui ? — 
Georgette chère, Georgette en or — L’avare ! Pas plus ? », 
il faut admirer à quelle réalité leur langage du premier coup 
atteint. Où les œuvres littéraires, qui devraient prétendre 
à une réalité voisine, ou plus indépendante encore, cepen 
dant semblent hésitantes, et comme effacées, l’on insinuera 
que c’est pour avoir trop facilement accepté comme idéal 
cet état du langage le plus faible, où les mots à chaque 
moment font signe de nous manquer, 
et le seul dont tiennent compte 
les doctrines suivant lesquelles l’écrivain exprime les 
choses, ou s’exprime lui-même, la sincérité est sa vertu 
maîtresse et l’émotion son état de grâce, plus elle est 
intense, et, dit-on, personnelle quelques autres 
encore...) 
Jean PAULHAN.
	        
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