2-4
L’ŒUF DUR
Z.
La Nef en Bois de Calambour
Le cœur plein d'étranges rêveries,
Le prince est parti faire l'amour
Avec la reine des Canaries
Sur sa nef en bois de calambour.
Sur le port aux pavés de sardoine,
Les marins boxèrent, dûment saouls,
Les fonctionnaires de la douane
Ne pouvant pas les rendre plus doux.
Une fille avec un jupon rouge
Fut violée et trouva cela
Très spirituel. Et dans une bouge
Le capitaine se régala
D'un flip préparé de main de maître,
Puis prenant des faux airs de martyr
Il étudia son chronomètre
Et dit : « Y a pas il faut partir. »
Ils s'en allèrent, l'âme joyeuse,
La pipe aux dents, par un beau soir d'août.
La nef fendit l'eau du port soyeuse
Et l'équipage était dûment saoul.
Quoiqu'il eût l'âme très aguerrie,
Le capitaine ne savait pas
Où étaient les îles Canaries
Et leur reine aux merveilleux appas.
La nef longea les côtes de France,
Puis, ayant fait escale'à Hambourg,
Doubla le cap de Bonne-Espérance
La galère en bois de calambour.
Sur les cartes de géographie,
Le capitaine s'usait les yeux.
Souvent il disait : « Les Canaries,
Où donc ça peut-il être, bon Dieu ? *