DANS i/EXPRESS-ORIENT
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elle les poteaux indicateurs des routes,
d’un beau blanc, où les noms des localités
ressortent en jolies lettres bleues, finis
saient par devenir une diversion pour les
voyageurs. Quand ces poteaux se multi
plient, on peut alors nourrir la légitime
espérance d’apercevoir enfin un village ;
et en effet celui-ci apparaît un instant,
avec ses maisons tassées, massées ensem
ble, une « restauration » entourée d’arbres,
et un clocher bizarre, toujours le même,
fait comme le bulbe d’un gros oignon,
d’une physionomie si étrangement orien
tale encore qu’on se demande si par hasard,
ayant rebroussé chemin, le train n’est point
revenu en plein pays slave. Il y avait déjà
bien des heures que les couchettes aux
draps ravagés avaient été repliées pour
faire place à ces coussins d’un rouge aveu
glant qui constituent l’ornement fastueux
des compartiments de l’Express-Orient.
Lorsque l’élégance candide du dolman des
serveurs du dining car annonça le déjeu