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MÉMOIRES D’UN DADA BESOGNEUX
Je l’avais rencontré, du côté de Saint-
Cyr, je crois, comme je revenais à bicy
clette de Montfort-l’Amaury. Tous les
cyclistes connaissent ce sentiment de mau
vaise humeur et presque de désespoir,
cette lâche envie « d’abandonner » et de
recourir au « grand frère », c’est-à-dire
de sauter dans un train, qu’on éprouve
lorsqu’il vous a fallu quelques heures
lutter contre un vent contraire qui vous
oblige à un effort continu dont les résul
tats sont dérisoires. Birou, qui sortait d’un
bouchon en s’essuyant la bouche, m’avait
eonfraternellement offert de « m’entraî
ner », se plaçant devant moi pour cou
per le vent. Cette proposition prouvait son
bon naturel et aussi l’état d’euphorie où
l’avaient mis quelques libations, suffisantes
pour lui donner du cœur aux jambes sans
nuire à son équilibre. Je l’acceptai de
bonne grâce.
Durant quelques minutes je ne pensai à
rien qu’à « coller », ainsi qu’il se doit, der