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MÉMOIRES D’UN DADA BESOGNEUX
quatre compagnons qui sont avec moi la
trouvent mauvaise, et je partage leurs
sentiments. Nous allons partir en cam
pagne, et essayer de trouver quelque
chose.
« 16 juin. — Nous intitulant fièrement
« la bande à Bonnot », nous avons com
mencé par chiper une auto (tout le monde
en fait autant, mais les autos n’étant plus
entretenues, deviennent des outils impré
cis et môme dangereux : nous avons eu des
embêtements avec la nôtre). Du côté de
Senlis nous sommes parvenus a razzier
quelques carottes, un sac de pommes de
terre, un peu de lard fumé et un lapin.
Mais j’ai reçu un assez rude coup de four
che qui m’a percé le côté. Mes camarades
m’ont conduit à l’hôpital pour me faire
panser. Mais nous avons trouvé porte close.
Les médecins, les infirmiers, toute la
bande, ne veulent plus travailler, comme
tout le monde, que deux heures par jour,