des éditions d’œuvres littéraires parurent à Paris, à Dresde,
à Lausanne, qui donnèrent enfin un corps à cette pensée
d’un ultra-modernisme répondant au nom de Dada. Du
reste je ne tente pas ici l’examen d’une idée qui ne m’inté
resse pour le moment que dans ses rapprochements avec la
personnalité de Picabia.
A Paris, les éléments dadaïstes se serrèrent autour de
Picabia, qui, lui, regardait d’un œil amusé naître un cénacle
où certainement quelque artiste sincère trouvera la raison
de s’exprimer, de révéler son talent, de donner la vie à une
expression nouvelle dont l’étiquette en isme ne contraindra
ni l’essor ni la beauté. Je n’ai pas interviewé M. Picabia à ce
sujet et peut-être ne m’eut-il pas répondu.
Un des moyens d’action des dadaïstes, à côté de la
parution de livres, de brochures, de bulletins, est l’organi
sation à plusieurs reprises d’un festival qui nous apparaît
comme une farce énorme, un amusement que goûtèrent avec
une joie sans mélange les Parisiens du Grand Tout-Paris
qui assistèrent à ces manifestations.
Est-ce la belle sotie d’autrefois qui renaît sous l’égide
dadaïste? Le genre burlesque rénové qui laissa à cet art
théâtral l’empreinte de la critique politique? Où les acteurs
costumés en fous étaient censés jouer dans le royaume de
la folie ? Nous verrons. Mais je me plais sympathiquement
à rapprocher les bonnets blancs en tuyaux de poêle que j’ai
vus aux exécutants, du coëffage de leurs émules étonnants
du quatorzième et du quinzième, ces jeunes “ sots ” qui
empêchèrent de dormir Louis XI et François 1 er , que
Louis XII toléra et que Henri IV fit disparaître. Ce que
certains auteurs déclamèrent ce jour de mai 1920 ne fut pas
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