Volltext: 8 = 1920, novembre (8)

ÇA IRA ! 
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Les conséquences de la paix <*> 
La guerre a été pour bon nombre 
d'auteurs une inépuisable source d’in 
spiration : nous avons été littéralement 
submergés pendant quelque temps par 
ce qu’on est convenu d’appeler “litté 
rature de guerre". 
Nous ne voulons pas même parler des 
ouvrages de spécialistes ; de ces multi 
ples ouvrages de généraux et stratèges 
qui approuvent ou critiquent amèrement 
les opérations des Etats-majors : ce sont 
là des livres que nul ne lit. 
Les poèmes, contes, nouvelles, 
romans exaltant la vertu patriotique et 
guerrière sont légion, Fade sauce senti 
mentale faisant monter les larmes aux 
yeux des bénévoles lecteurs. 
Un jour une formidable bombe 
éclata : “Le feu“ de Henri Barbusse. 
Finie, la guerre fraîche et joyeuse : une 
peinture sobre, mais vraie, de la crasse 
dans laquelle vivent nos soldats ; de la 
pénible et triste vie qu’ils mènent ; de 
l’abaissement du niveau intellectuel et 
moral chez ceux qui vivent dans les 
tranchées Un scandale, mais un 
succès unique. 
Après le succès du livre de Barbusse, 
comme des champignons se levèrent des 
pléiades d’écrivains, qui eux aussi 
voulurent bien constater que depuis la 
guerre, rien ne marche plus, que nous 
vivons dans les ténèbres, et que tout est 
pour le pis dans le pire des mondes. 
Et l’on remarque déjà que le succès 
de ces livres va chaque jour déclinant : 
(*) Cfr. Jhon M. Keynes : Les conséquences de la 
paix. 
nous sommes saturés d’horreur. Après 
“Le Feu" et “Menschen im Krieg“, qui 
certes ont une haute valeur, les histoires 
de guerre nous émeuvent à peine. La 
“terreur et la piété" ont fui : on con 
nais pour l’avoir entendue trop de 
fois, l’histoire du pied du mort où l’on 
suspend son casque, ou de la main 
crispée dans laquelle on crache en 
passant, avec indifférence. 
Illusion !.... Illusion douce, mais 
trompeuse.... 
Se dresse la silhouette de Jhon 
Maynard Keynes homme foncièrement 
honnête, quoique diplomate, et savant 
économiste. Devant les yeux des hom 
mes épouvantés le professeur de 
Cambridge agite les feuillets de son 
livre implacable, son livre plein de 
chiffres inexorables. 
Personne ne pourra dire que Keynes 
est un pêcheur en eau trouble, un 
révolutionnaire dangereux, à la solde du 
gouvernement soviétique : lui-même 
déclare sans embages son antiphatie 
pour le régime communiste et pour le 
bolchévisme dont il ne semble pas 
comprendre la portée. Le gouvernement 
de Sa Majesté très britannique l’envoya 
même comme délégué auprès du Con 
seil Economique Suprême. Rien de plus 
orthodoxe donc.... 
Or que voyons-nous ? Le 7 Juin 1919, 
alors qu’il ne garde plus d’espoir de 
voir se modifier les clauses du traité, 
Keynes démissionne, ne voulant être 
complice responsable du suicide de la 
vieille Europe. En décembre de la même 
année, il jette à la face du monde son
	        
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