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POËMES DE FOUS
PAU, 6 Août 1908.
(Asile St-Luc)
2 h. soir
La nuit, le meilleur conseiller de la terre
Offre à un cœur meurtri qui ne désespère
Grande consolation contre noire grisée
En sa marche le temps peut le cicatriser.
Maître, n’est-il pas, a dit fameux proverbe
Assez puissant pour croître puis sécher l’herbe?
Ça voureux en sa forme est le baume promis
Oit ne peut se résoudre à s’en payer permis.
Ni l’or, ni la grandeur, ni les belles richesses
N’éteignent le doux feu et muette promesse.
Il est parti au loin, sans le suprême adieu
Quand pourrai-je donner ce témoignage pieux?
Un aveu éloquent de ma foi dans la sienne
En réciprocité de son âme en la mienne?
Pied du mur on connaît l’œuvre avec l’artisan.
Avant de le revoir, tu attendras deux ans !
Un courant magnétique le dit à l’hystérique... \
Et durant ces longs mois
Sur lui, pas de nouvelles!
« Nous veillons bien $ur toi,
Sur tes pensées cruelles;
Nous voulons bien savoir
Si tu es digne enfin
De remplir un devoir
Sacré jusqu’à la fin!
Faut-il prêter serment
En plus rudes épreuves?
Devant la mort gaiement
Elle tombe la veuve!
Fidèle à son amour
Elle y sourit toujours.
Si des larmes jaillissent
Parfois dans son hospice
Mais c’est un souvenir
Qui ne peut se bannir!
Accourez émotions
Activez conviction!
Laissez-moi croire aussi
Que tous mes noirs soucis
Au sujet de ma fille
Sont pour elle, rêveurs!
Est-elle encore gentille?
Dites-le en sauveurs
Oh! les frères qu’on aime
Presque autant que lui-même
Malgré abus de force!...
Ecoutez un aveu
De la folle en divorce :
Si la foudre en doux feu
N’eût conduit destinée
Dans la main que la Mère
A choisir, m’a donnée.
J’aurais été bien fière
D’accepter l’un de vous???
Pour un heureux époux.
Cher guide, bon soutien
Et fidèle gardien!