Volltext: 4(1922), Août-Septembre = Nr. 28 (4(1922), Août-Septembre = Nr. 28)

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RENÉ-MARIE HERMANT 
métiers sont arrivés un à un, et s'attablent et causent comme ils peuvent, bridés et 
ouverts par leurs tempéraments. 
Il j a là le charpentier robuste et sain, et le monsieur de Paris coureur de 
dancings à la mode ; le vigneron gaillard et l’esthète anémique ; le meneur d'hommes 
et le compteur d'étoiles. Chacun a sa marotte, son vice et sa vérité, et il est bien 
difficile de s’entendre. Cependant ils y parviennent à peu près : ils sont contempo 
rains et s’ils connaissent différemment la vie c’est pourtant de l’avoir mêmement atta 
quée. De cela ils sont certains, et sur cela d’accord. 
Et puis la porte s'ouvre et un dernier venu arrive s’asseoir à leur table, d'une 
douceur, d'une humilité, d’une paix intérieure qu'ils ne connaissent plus guère. Ses 
traits rappellent vaguement de graves figures oubliées d’autrefois, et ses mains pen 
dantes ne tenaient ni canne, ni badine, ni gourdin. Alors il sentent que celui-là est 
bien différent d'eux tous et qu'il leur faudra beaucoup d'amitié pour l’écouter et 
le comprendre... 
Ainsi s’avance parmi les poètes, M. Alphonse Métérié avec son Livre de# Sœur*. 
« La tristesse aux yeux d'argent » qui veille sur sa vie le garde de bien des 
joies faciles et de bien des tourments obscurs. 
. Ses chants ont un goût de cendres et ses rêveries des lumières de larmes. Où 
d'autres ne fauchent que triomphes, détresses, supplices ou gloires, il ne respire que 
mélancolie et ne déchiffre que blanches promesses futures. Il a vraiment une âme 
et par elle connaît des bonheurs que nos antennes magnétiques ignorent encore, ou 
ont dépassés depuis longtemps. Tout ce que son cœur voit est ténu et divin, nous 
charme et nous attriste ; e’est un doux remords au milieu de nos fracas et de nos 
tempêtes, une angoisse trop pure, une mdrtification merveilleuse. 
Ce doux et terrible poète nous rappelle combien encore nous sommes miséra 
bles. Mais il nous faudrait trop de douleur pour atteindre à sa pureté, et nous 
n’avons plus d’âme. 
RENÉ-MARIE HERMANT 
POEMES DE LA VIE MORDUE, par Henri Dalby (Aux Images 
de Paris). 
Avec ce recueil, M. Henri Dalby nous apparaît en équilibre instable, ce qui 
n’a rien d’inélégant d'ailleurs quand il s'agit d'un poète de sa densité (car il est 
dense, serré, de chair dure dans ses images qu'il arrache à la vie et mâche à plein 
pour autant les goûter que les marquer à son empreinte). Va-t-il conserver la vieille
	        
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