ANDRÉ SALMON
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l’Institut de Critique « Paul Souday » qui formera ainsi, avec ses solides
bâtiments, un groupe très animé.
Notre cher quartier compte déjà un grand nombre d’écoles : l’Ecole
Unanimiste, l’Ecole du Système métrique appliqué à la Poésie romane,
l’Ecole d’Optique, métaphysique et critique, l’Ecole de Compagnie,
l’Ecole des Ingénieurs dialecticiens, est-ce que je sais moi. C’est magni
fique! Ainsi notre quartier devient-il peu à peu le Quartier des Ecoles.
Quelle ressource pour la Piscine !
Passons maintenant au chapitre des Revendications.
Les quartiers de la périphérie sont sacrifiés. Pourquoi? Sacrifiés à
ceux du centre qui représentent la fortune de la capitale parce qu’ils
représentent, eux périphérie, la pauvreté de cette capitale. C’est une
injustice. Flagrante!
C’est pourquoi je réclame :
Des fêtes!
Mais quelles fêtes?
Des fêtes populaires? Ouiche! Mon petit monsieur, passe-moi l’expres
sion, mais c’est proprement se foutre du peuple !
Que veut le peuple? Des fêtes mondaines. Ecrivez, vous pourriez
l’oublier.
Aussi bien les opulents quartiers du centre ont-ils donné l’exemple à
rebours pour ainsi dire. Comment? Vous ne lisez donc pas les journaux?
En organisant dans leurs salons des bals de barrière. Vous êtes trop averti
pour ne m’avoir pas déjà compris.
Ici, M. de Godiveau se leva, très ému, très pâle, avala un grand verre
de vin et, agitant dans l’espace une main comme une palme, il articula,
soudain très rouge :
— Leur premier bal d’apaches, citoyen, ce fut leur seconde nuit du
4 août!
Dites encore que je veux une transformation radicale des écoles mater
nelles. Mais ça, c’est une surprise que je vous réserve.
André SALMON