80
UNE ILE AU NOM DE FEMME
Autrefois j'en aimais une
Appelée par moi Patrie.
Elle était rencontre fine
Au coin des lèvres, des yeux
D 9 un visage et d'un paysage.
Une autre plante grasse aux membres dangereux,
Nourrie et dévorée par les feux du désert.
Son parfum aride ensorcèle un avenir.
Mords-tu mon cœur de pierre, d racine
[nocturne ?
A la pointe du jour, je réponds a l'aubade
El je fuis, léchant mes lèvres et la rosée.
Je peux lever le front car j 9 ai connu le crime
Et j'ai su arracher a la vie la licence.
J'ai tué et j'ai volé, grand gâcheur de butin,
Ce qu*a l'une j'ai pris, une autre l'a reçu.
Reviendrai-je à la nuit jusques a ce port sombre
Me glisser dans la peau de celui que je fus
Parmi les matelots lascifs et les danseuses ?
4
Furieux et lourd, je me jetais sur leur poitrine,
L'oreille au cœur, j'entendais un cri sourd,
Par un cri souterrain, femme, o trou de misère,
Sombre puits d'oü fume une odeur qui nous
[trompe,