Volltext: 5(1923), Mai-Juin. = Nr. 32 (32)

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LE ROMAN 
LE FLEUVE DE FEU, par François Æauriac (Grasset édit.). 
Un roman n’a de mérite à être bien composé que si l’auteur a dû 
lutter contre lui-même. M. Mauriac possède cette agitation profonde 
qui est l’originalité supérieure et qu'ordonnent ensuite son .goût, son 
talent de romancier. Il ne s’est jamais mieux que cette fois approché 
d’une perfection déjà visible dans La Chair et Le Sang et dans Le Daiàer 
au Lépreux. 
Observateur passionné, écrivain aussi doué que sûr, il procède par 
un art savamment discipliné mais avant tout docile à la vie qu’il évoque. 
M. Mauriac regarde le spectacle avec des yeux brûlants et c’est une 
image vibrante qu'il nous offre. 
Le FLeuve de Feu, c’est le désordre impérieux de la chair, et le combat 
sans merci qu’elle livre à la protestation de l'âme. Le sujet en lui-même 
ne présente rien de bien nouveau mais il s'agissait d'en rendre 
l’atmosphère. Il faut remonter assez loin, jusqu'au Grand ÆeauLned, je 
crois, pour rencontrer une pareille évocation de l'inexprimable. 
C'est aussi la peinture définitive de deux caractères féminins : le fort 
et le faible. Ce qui rend l’une des héroïnes de M. Mauriac particuliè 
rement attachante c’est qu’il l’a choisie aussi éloignée que possible, 
semble-t-il, des risques qu’elle va courir. Mademoiselle de Plailly par 
sa naissance, son éducation, sa conscience religieuse, semble protégée 
contre elle-même et contre les évènements. Elle sera pourtant la “déver 
gondée ”, dans toute la force du terme. Aussi, est-ce avec une tendre 
sympathie que nous la voyons lutter, plonger, se redresser, toujours 
digne de vaincre, sans cesse près de sa perte. Cette fièvre des sens 
dont se nourrit le catholicisme, qu’il transmue en élans mystiques 
jusqu'à ce repos suprême, l'état de grâce, il est impossible de la mieux 
traduire que ne l’a fait M. Mauriac. C’est toute une région de l'âme 
humaine, une des plus douloureuses, qu'il nous dévoile. 
Que ce soit dans une description ramassée où le poète se dénonce : 
« La terre exténuée poussait le cri des insectes sans nombre » 
par des touches aussi pénétrantes que celles-ci : 
« Les yeux de l’amour sont fuyants. Ceux qui regardent en face 
« n’aiment pas.»
	        
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