Volltext: 5(1923), Mai-Juin. = Nr. 32 (32)

JACQUES POREL 
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« Daniel connaissait cette ruse du regard toujours ailleurs qu’au seul 
« visage qui l’attire » 
dans une observation audacieuse où son œil ne tremble pas : 
« La plupart des (jeunes filles) confondaient-elles sans doute le goût 
« de la pureté avec l’instinct de conservation » 
ou, mieux encore, dans ce tableau : 
u Daïis la chambre proche, Raymond aimait, rossait son amie jus- 
« qu'à ce que le sommeil confondît leurs souffles, et ce n’était plus 
« soudain que la respiration calme, l'innocence nocturne d'une chambre 
« d'enfants » 
partout, l’écrivain connaît la fortune d'une forme qui épouse exactement 
sa pensée. 
Le début du roman, la description d’un Paris, changeant selon les 
états d’âme, que Daniel Trasis quitte pour fuir sa maîtresse, les portraits 
de l’étonnant oncle Louprat, de la touchante Marie Ransinangue, l’ap 
parition de Gisèle de Plailly, la jalousie de Madame de Villeron, la 
montée en Daniel de ce désir auquel le rire de crécelle de Gisèle forme 
un accompagnement sinistre, autant de morceaux admirables. 
On a généralement reproché à M. Mauriac la fin morale qu’il a ima 
ginée : la conversion de Gisèle était peu vraisemblable, en tout cas trop 
rapide. Je ne suis pas de cet avis. Pour être déconcertante, Gisèle n’en 
est que plus humaine. C’est à l’instant où son inconséquence éclate, 
que la logique de son caractère apparaît. Son retour à la religion est 
naturel et doit être soudain comme l’ont été ses trop nombreuses 
fautes. J'ai aimé, au contraire, cette simplification conçue par 
M. Mauriac, qui donne à la fin de son roman une grandeur nullement 
empruntée. 
Au moment où l’on cherche vainement à dresser les uns contre les 
autres les soi-disant partisans du modernisme et ceux d’une tradition 
dont le visage s'est pourtant trouvé être, à chaque époque, méconnais 
sable, et, par le prétexte de quelques écrivains, à ressusciter la défunte 
et sans cesse menaçante querelle entre classiques et romantiques, allons 
recueillir chez ce jeune maître, déjà plein d’expérience et de sagesse, 
la preuve de ce qui, seul, confère à une œuvre son prix : la qualité. 
Jacques POREL.
	        
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