MAURICE RAYNAL
63
(1) A propos de son Exposition à la Galerie Simon,
LES ARTS
JUAN GRIS
ET
La Métaphore plastique (l)
L'impossibilité pour le langage pictural d'exprimer tous les états de
la sensibilité plastique sous des aspects exactement différents oblige
l'artiste qui veut les extérioriser à recourir à des analogies, des approxi
mations nécessitées par un vocabulaire insuffisant. Et c'est alors qu'il
est tenu de mettre à contribution cette notion de comparaison dont
l'homme ne saurait se passer, et, plus spécialement parce qu’il s'agit
d'un artiste, cette comparaison d’une essence plus lyrique, plus inventive,
qu’est la Æétaphore.
Par métaphore plastique il faut entendre le résultat d’un effort
de pure imagination, puisque, comme l'on sait, et à l’encontre de la
simple comparaison, la métaphore ne compare pas seulement mais tire
de l'affinité des relations de certains objets un objet essentiellement
nouveau doué d’une existence propre encore que rattaché comme par
des liens de sang aux éléments qui le conditionnent. De ce fait, la
comparaison est ouvrage de dictionnaire, mais la métaphore est l’œu
vre crée ; la première est un amas de pierres, la seconde la maison
construite.
Qu'il s’agisse donc de la portée de la guitare ou des cordes du