Volltext: 5(1924), Mars-Juin = Nr. 36 (36)

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PER VARESE 
m’égare. Il s’étrique, se perd. J’arrive dans un champ d’oliviers. Brus 
quement, mes phares découpent une idylle. L’homme, culbuté, est nu 
jusqu’à la taille; la femme a effeuillé ses jupes autour d’elle, passion 
nément. Ils ne bougent pas. Je n’ose bouger non plus. Nos immobilités 
se saluent, se concertent, se prolongent... Aucun doute n’est possible : 
Agnès a répondu au message. L’ennui, n’est-ce pas? Et puis personne 
ne saura jamais. J’agirais de même à sa place, et cette pensée m’est 
intolérable. 
L’homme et la femme ont ramassé leurs nippes. Les voici. Ma gêne 
me fait détourner les yeux, mais tous deux me disent : « bonsoir! », 
solennels, indifférents. A mon tour, je repars. Dans cette nuit 
métisse, les routes s’emmêlent comme les lignes de la main et le sort n’y 
est pas moins damnable... Le pire, ce sont les lettres avec le mensonge 
en filigrane... Quand cette route aura cessé de tourner... Supercherie 
des virages. Aux branches, les feuilles s’affolent. Le vent souffle d’où 
je viens : sa complicité me fait peur. Ezza, votre nuque tendre, rougie 
peut-être par le sang. Mais Agnès? Il y a « sang » aussi dans ses cinq 
lettres : le sang qui s’accélère par le plaisir, s’échauffe. Orbes diverses. 
Le sang d’Agnès est un 8 calme, parafe d’un nom secret, — sembla 
ble à ces soyeux contours d’oiseaux sur ma tête. Celui d’Ezza, sa ran 
donnée s’achève en un galop d’orage, un sursaut de grenade éclatée. 
Mouvement pendulaire de ces obsessions. Comment les fuir? La vitesse 
accrue, elles se précisent. L’odeur de lit défait qui se détache du ciel, 
lourd de nuages noirs, le corps d’Agnès s’y vautre avec des contorsions 
infâmes. Dans les rues de villages — casse-noisettes — regardez vite! 
De vieilles ombres, surprises par la lueur des phares, se collent aux 
murs si blancs, dans leurs manteaux sombres d’oiseaux de malheur. Il 
me plaît maintenant d’effrayer ceux qui passent, de réveiller ceux qui 
dorment, de dégriser un peu par l’allusion de luxe et d’aventure qu’ils 
sentent dans le cri d’une sirène les cœurs d’amants médiocres, pâmés 
derrière les contrevents.
	        
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