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LITTÉRATURE ET CRITIQUE
L’homme se veut logique, d'abord social, de raison à la fois et
d’action.
Le catholique, préfère la sagesse des pères de l’Eglise aux
lectures et interprétations de l’Evangile, demande appui à deux
hommes qui lui ont fourni le plus clair d'une argumentation poussée
à l’extrême : G. K. Chesterton (Hérétiques, Douze types, Orthodoxie)
et Jacques Maritain (Art et Scholastique).
Enfin, le Critique littéraire accuse, d’accord avec M. Pierre Lasserre,
l’isolement intellectuel dans lequel vivent aujourd'hui et se développent
les hommes de lettres, sans un public véritable et par suite sans
contrôle.
M. Henri Massis, en un temps où chacun se désintéresse des
idées générales, morales ou autres, s’en prend aux plus grandes. Il
réussit a forcer l'attention des individus et des groupes. C’est qu’il a
dénoncé, comme nul ne le fit encore cette douloureuse inquiétude qui
marque notre époque et derrière laquelle, écrit M. Marcel Arland,
un dieu très ancien prépare son retour à la lumière. Donc, nous
assistons à une bataille avec Dieu. Qui l'emportera ? Gide le démo
niaque ou le divin Claudel ? Celui qui vit au jour le jour de la sen
sation ou celui qui se hausse jusqu’à la vertu intellectuelle ?
De même nous assistons, autre face du combat, à l’assaut de la
culture classique par des nuages venus d’Orient. Qui l’emportera ? le
biographe de Mahatma Gandhi ou Charles Maurras, par exemple ?
Bien d’autres idées, — celles ainsi que lui inspirent au passage la
philosophie de William James ou les essais de Jacques de Lacretelle,
— font que M. Henri Massis nous contraint utilement à plusieurs
examens de conscience.
Néanmoins quelque directe et puissante qu'elle soit, on sait main
tenant quelle critique à thèse est celle de Jugemento : en fin de compte,
Paul Claudel monte au Paradis, Duhamel attend au Purgatoire, André
Gide est la proie des flammes.
Marcel SAUVAGE.