Volltext: 5(1923), Sept.-Octobre = Nr. 33 (33)

PHILIPPE SOUPAULT 
171 
■BMI 
ÉPIiMMMF” 
fut quelque peu étonné quand un de ses camarades lui fit remarquer que 
l’homme du miroir, c’était lui, Robert Delaunay. 
Le visage humain est un astre pâle et qui s’éteint doucement quand 
les étoiles brillent. Obsession des yeux, couleur des lèvres, rougeur des 
joues. Une ligne continue parcourt le front comme la ligne de la vie. 
On ne sait s’il faut croire pour aimer ces traits si rudes, ces courbes si 
lointaines. Chaque nouveau regard que l’on jette sur la face d’un homme 
découvre un mystère. Cette difficulté attira le peintre. Il voulut à son 
tour regarder plus loin que l’horizon, plus haut que les nuages. Le drame 
ou le vaudeville qui se joue dans le crâne, l’émotion qui se perd dans 
la gorge, se fixe, s’alourdit encore sur la toile. Il faut, sous peine 
de folie, être trop rigoureusement exact. Et l’on oublie cette vie qui 
bat dans les multiples vaisseaux sanguins. Singulier, décevant problème 
que le peintre avait à résoudre. Il s’efforça, tout d’abord, de trouver 
en lui-même la solution. (Portrait du peintre I. Portrait du peintre II.) 
Un amateur accepta de remplacer le miroir. (Portrait de M. Uhde, 
1907.) 
Ce long repos de sa jeunesse ne pouvait se prolonger. Delaunay 
s’évada facilement du Parc Monceau. Comme un voyageur assoiffé, 
comme un Parisien, il se dirigea vers la Seine et retrouva sur ces quais 
la fraîcheur de ses vingt ans, les rires de ses amis, l’oubli de sa morose 
enfance. Il en avait tout de même assez des rues grises, des silences en 
ruines, des statues plates et des nourrices endormies. Il n’avait jamais pu 
oublier l’éternelle lumière du jour, le scintillement de la nuit. Avec ce 
rare bonheur qui le poursuit, il sut découvrir un atelier de verre. Henri IV 
était son calme voisin. Les arbres, si bienveillants, du quai du Louvre 
berçaient son sommeil et l’éveillaient gaiement, lorsque le soleil en se 
levant semblait jouer d’une trompette radieuse. La brume se dissipe vite 
et la fraîcheur demeure comme un témoin du matin. Le travail éclate 
comme ces plantes à graines mécaniques. Une idée part et se plante sur 
la toile. Robert Delaunay retrousse ses manches et se met à peindre.
	        
Waiting...

Nutzerhinweis

Sehr geehrte Benutzerin, sehr geehrter Benutzer,

aufgrund der aktuellen Entwicklungen in der Webtechnologie, die im Goobi viewer verwendet wird, unterstützt die Software den von Ihnen verwendeten Browser nicht mehr.

Bitte benutzen Sie einen der folgenden Browser, um diese Seite korrekt darstellen zu können.

Vielen Dank für Ihr Verständnis.