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MAX JACOB
veuve en lui faisant, aux frais de l'Etat, une pension et en pourvoyant
de postes honorables ses enfants et ses petits-enfants. Ses œuvres furent
rééditées aux frais de l’Etat. Il a sa statue dans sa ville natale et dans
la salle des Pas Perdus de l’Institut Diplomatique de Longchamp. Ses
portraits ornent plusieurs musées. L’ancienne place du Petit Salé aux
Choux à Paris a reçu le nom de place Charles Durand. Sa biographie,
telle qu’elle a été rédigée par son ancien secrétaire, aujourd’hui sénateur
et directeur de la Direction Générale, figure dans les manuels destinés
aux élèves des écoles entre celle de Pierre Corneille et celle de Voltaire.
Il est assez difficile de se faire une idée de ce que fut le système phi
losophique de Durand. Certains, se basant sur les maximes citées ici, ont
voulu faire de lui un psychiatre scientifique; nous pensons qu’il ignorait
meme la signification de ces mots. Durand était un simple, ne l’oublions
pas. D’autres se sont contentés de le rapprocher de Raspail et de Béran
ger, ne songeant pas que Raspail était un savant et Béranger un poète.
Les plus sages voient dans la philosophie de Charles Durand une
« indulgence souriante » et c’est ce qui nous semble s’approcher le plus
de la vérité. Cependant, comme il disait souvent lui-même : « Il ne faut
rien exagérer. » Rappelons nous ce mot admirable, le dernier qu’il ait
prononcé sur son lit de mort ; « Je ri ai jamais méprisé personne sauf les
collègues qui ne réussissaient pas! » Nous voilà loin de l’optimiste béat
qu’on voudrait nous faire voir dans ce penseur, un des plus grands qui
aient honoré l’humanité.
Max Jacob.