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PIERRE REYERDY
TOUT S’ENVOLE
La dorure du soleil sur l’œil, sur le cadre, sur les parties
faibles de l’appareil — le rayon qui casse.
Tout luit dans les mains bleues qui soutiennent le'ciel —
les mains des anges — plus longues que l’éclair et le fil du
tonnerre — le nuage qui éclate en poussière d’écume. Le
vent n’arrive qu’au moment où la poitrine respire à l’ho
rizon — le vent chargé du bruit des voix perdues, de tout
le poids des feuilles et des noms inconnus qui cachent leur
orgueil. Et tout est à l’orage — le gris du mur, le fer, la
fenêtre basse. Même l’œil fermé à l’air — les ombres qui
passent. Alors on court au ressac contre les limites, la terre
ferme et la place où tout s’écrase et s’évanouit plus vite.
Le ciel est déchiré, l’eau coule sur ma tête — et les toits
envolés — les ailes des oiseaux nocturnes effrayés par la
tempête.
EN MARCHANT A COTÉ DE LA MORT
J’ai perdu ce caractère blanc qui dirigeait les toits. L’es
prit des toits, les girouettes — et la pointe des doigts. En
même temps nous avons perdu toutes les lignes qui reliaient
les étoiles du ciel et le ciel à la terre. Les lignes de métal.
Tous les préparatifs sont faits, les oiseaux partent, quittent
la terre pour un autre pavé. Les gardes des courants régu