JEAN GIRAUDOUX
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Jean GIRAUDOUX
Jean Giraudoux n’a pas besoin de vie; je savais où il était né, où
il vécut, mais je l’ai oublié. A quoi bon retenir ce qui est inutile? Avec
sa plume, il trace son horoscope, il tisse ses souvenirs, il dessine ses
projets. En se levant le matin, il écrit le récit de sa journée, compte le
nombre de ses pas, parcourt déjà les rues qu’il traversera, sourit aux
femmes qu’il rencontrera. A deux heures de l’après-midi, il sera morose,
indifférent à cinq heures, et gai au moment de s’endormir. On pourrait
croire que les moindres objets qui l’entourent sont des jouets. Les vête
ments, des déguisements; les glaces, des reflets; les livres, des ruches. Il
réduit et amplifie à l’échelle convenable ce qu’il touche, ce qu’il voit,
ce qu’il aime : la lune est une médaille, la Seine un poisson, son monocle
le soleil, son cœur un oiseau.