Volltext: 4(1922-1923), Déc.-Janv. = Nr. 30 (30)

CRITIQUE GENERALE 
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simo dans notre esprit plutôt que dans notre oreille, la suite dansante 
des objets sur l'écran. 
L’esprit humain, qui peut grâce à l'attention concentrer sa force 
sur un seul objet, voit restreindre son étendue en raison de l'intensité 
de la sensation éprouvée. Ce phénomène va jusqu’à l'exclusion des autres 
impressions venant du dehors, celle qui subsiste envahissant alors toute 
la conscience, et l’accaparant pour elle seule. 
Appliquons cette loi psychologique au cinéma : chaque fois que 
l'impression visuelle sera assez forte, — et ceci peut se produire grâce 
à l'émotion que provoque une scène, la beauté d’un site ou d'une per 
sonne, l'intérêt d’un épisode — l'oreille ne percevra plus clairement les 
sons. On prétendra qu’il y a alors perception subconsciente de la 
musique ; mais je n'en crois rien. Se figure-t-on, par exemple, qu'on 
regarde et qu’on écoute simultanément un ballet? Il me semble, au 
contraire, qu’on regarde les évolutions des danseuses et qu’on écoute la 
musique, successivement. Cette succession peut être très rapide, assu 
rément, et se borner à de brèves échappées vers l'un et l'autre champ 
sensoriel quand on assiste pour la seconde ou la troisième fois à une 
représentation. Mais chacun sait combien il est difficile d’apprécier 
convenablement un ballet, ou même un opéra, à la première audition : 
la complexité des sensations trouble et suspend le plaisir et le jugement. 
Le cinéma dissocierait donc les perceptions composites que nous 
fournit l’expérience, et il pourrait servir ainsi à vérifier l’autonomie 
de nos sens, du moins d’un seul, le plus important. 
Pour moi, je m'arrache difficilement à l'audition d'un beau morceau, 
quand il est joué au cinéma : l’obscurité favorable à la perception audi 
tive, intensifié, transfigure le moindre passage musical. Il faudrait, pour 
donner aux sensations musicales tout leur effet, faire régner dans les 
salles de concert une demi-obscurité. Que constatons-nous, au contraire? 
Des torrents de lumière versés sur l’estrade où opèrent les musiciens. 
Ah ! quel plaisir de suivre, avec la lorgnette parfois, le chef d'orchestre 
balançant sa baguette, le trompette qui retourne son instrument pour 
en écouler la salive, l’air embêté du corniste qui vint de faire un couac
	        
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