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MAX JACOB
notre époque où tout est mêlé et où les applaudissements vont plutôt à
celui-ci qu’à celle-là.
« L’amour est une passion qui fait faire bien des sottises aux jeunes
gens! »
Sottises aux jeunes gens! Quelle familiarité grandiose! le voilà l’ac
cent paternel et grave qui sied aux grands esprits. Que disions-nous donc?
Charles un moraliste austère? Charles un auteur sévère? Non! Charles
est père et il ne l’oublie pas, ses lecteurs sont ses amis, son style déborde
de tendresse comme celui des Evangiles auxquels il fait sans cesse songer
par la pensée qui est calme et sereine et par la forme qui est simple et
sans détour « L’amour est une passion ». Ah! comme il a souffert! Ah!
comme il a aimé ! Quelles luttes pour arriver à cette sérénité. (Cf. notre
ouvrage Charles Durand et les femmes, Tome I, Les cousines de Charles
Durand, Tome II, Une idylle sous la Troisième République : la femme
de chambre de Charles Durand.)
La place nous manque pour tout citer, il faudrait faire passer ici toute
la partie morale de la Compilation. Notons pour terminer cette trop
rapide étude que, comme tous les grands esprits, Charles fut tenté par
la carrière politique. Il fut plusieurs fois élu conseiller général du dépar
tement où il eut un patrimoine à la mort de ses parents, puis par la force
des choses député, sénateur et ministre. Il eût été président de la Répu
blique s’il avait eu ce qui a toujours manqué à cet honnête homme :
l’esprit d’intrigue.
A l’époque où Charles débuta dans la carrière politique, on se pré
sentait d’habitude au peuple comme candidat socialiste pour être porté
par la grosse masse populaire et Charles, quoique propriétaire et renté,
fit comme les autres, mais comment croire que ce propriétaire terrien se
soit dit socialiste par intérêt? Les maximes grandioses que nous citions
répondent pour ce grand désintéressé. Comment le croire quand on lit
ces longs, admirables et fréquents discours. On a reproché à ces discours