BIBLIOGRAPHIE
371
des tableaux du Louvre dont le nettoyage s’impose ; 2* (en réponse à une question précise)
de l’origine de cette « réputation » dont décidément on se montre bien curieux depuis quelque
temps. Or, sous la plume de cet étrange traducteur « la patine et la crasse des vieux vernis »
dont je parlais, deviennent « les ordures du Louvre » Tous mes propos, ainsi défigurés devien
nent, malgré le ton de modestie dont ils sont empreints (surtout à côté du ton qu’emploie
habituellement le traducteur en question) de véritables discours de mégalomane — J’écris au
journaliste suédois afin d’obtenir de lui une attestation de « bonnes mœurs » que cette odieuse
campagne me force à me procurer. En attendant de pouvoir y puiser vous-même des leçons,
vous pourrez, cher Monsieur Conrad Kickert, aller déguster la traduction en question; le diffa
mateur lui-même l’offre gratuitement à tout consommateur delà « Rotonde ». Si comme j’imagine,
vous manifestez un vif plaisir à la lire, il vous paiera l’apéritif par dessus le marché.
— Je fais une exposition tous les mois ? Cela vous ne le ferez croire à personne. J’en fais
une par an, de mes tableaux de l’année et de mes aquarelles de l’été — parce que, au contraire
de ce que disent vos amis, je n’ai pas de fortune personnelle, et que je vis de ma peinture,
comme vous essayez désespérément de le faire.
— Auteur théoricien? Comprends pas. Le Vinci disait: « La bonne pratique suit toujours
L bonne théorie ».
Pion d’Académie? Non, professeur, comme le furent Matisse, Guérin, Segonzac, et tané
d’autres; comme essaient de l’être certains de vos gentils amis et conseillers. J’ai même trouvt
un excellent moyen d’être un bon professeur — et c’est pourquoi mes élèves, comme vous l’avez
remarqué, m'aiment tellement. Figurez-vous que je me suis imaginé que j’avais beaucoup a
apprendre et que le meilleur moyen d’apprendre était d’étudier à côté de mes élèves. Il m’arrive
donc souvent de me trouver devant « la Nature » plus timide que mes voisins, ce qui n’est pas,
que je sache, le cas ni du pion, ni de l’instituteur.
— Critique d’art ? Pas du tout. Je donne de temps en temps, à la Nouvelle Revue
Française et aux feuilles libres, des articles, (que j’écris le soir au lieu d’aller au café débiner
mes voisins.) Je me trouve ainsi dans la véritable tradition classique. Il m’arrive souvent, pour
illustrer mes dires, de « citer des exemples ». Je les choisis parmi les œuvres des camarades
que j'admire le plus. — Car je n’écris jamais du mal d’un camarade; je trouve en effet, dans
la confession de mes admirations exactement le même plaisir que vous semblez puiser dans le
dénigrement. Affaire de caractère.
— << Ma misère? » Non, je vous remercie. Je l’ai connue jadis; j’essaie dans la mesure
de mes moyens, de la soulager chez autrui, lorsque autrui est un camarade moins fortuné que
moi. Car, vous savez, ça ne va pa6 trop mal, la peinture, malgré les petites campagnes sour
noises de vos acolytes
— Enfin, vous semblez tenir, cher Monsieur Conrad Kickert, immodérément à l’ortho
graphe de votre prénom. Rien de plus légitime. Renonçant donc à ce K que vous jugez trop
décoratif, je ne demande pas mieux que de faire précéder la première syllabe de votre prénom
du C qui vous tient tant à cœur, beureux de vous restituer ainsi votre véritable identité.
André LIIOTE.