MAGNÉTIQUES
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dehors, les arbres enivrés de tous les regards ont le
vertige monstrueux des foules au départ d’un avion
pour un voyage éternel. A tous les signaux, une
énorme bête se tient cachée et regarde d’un seul œil
ce grand lézard bruyant qui glisse sur des ruisseaux
de diamants et sur les cailloux des mines aériennes.
Le lac qu’on traverse avec un parapluie, l’irisation
inquiétante de la terre, tout cela donne envie de dis
paraître. Un homme marche en cassant des noisettes
et se replie par moments sur lui-même comme un
éventail. Il se dirige vers le salon où l’ont précédé
les furets. S’il arrive pour la fermeture, il verra des
grilles sous-marines livrer passage à la barque de
chèvrefeuille. Demain ou après-demain, il ira
retrouver sa femme qui l’attend en cousant des
lumières et en enfilant des larmes. Les pommes
véreuses du fossé, l’écho de la mer Caspienne usent
de tout leur pouvoir pour garder leur poudre d’éme
raude. Il a les mains douloureuses comme des cornes
d’escargot, il bat des mains devant lui. Tout l’éclaire
de son raisonnement tiède comme un corps d’oiseau
à l’agonie; il écoute les crispations des pierres sur la
route, elles se dévorent comme des poissons. Les cra
chats delà verrière lui donnent des frissons étoilés. Il
cherche à savoir ce qu’il est devenu, depuis sa mort.