20
peut pas nier que les rag-times et les danses nègres ne soient
pas d’un superbe dadaïsme.
Le discrédit de boche est un anathème puéril, inexact,
et par cela inefficace. .
La Presse ! Ah ! oui, quel tintamarre autour de Picabia
et des Dada !
La presse procure un grand divertissement aux intimes
du cénacle, celui de collectionner les coupures ; on a même
préposé à cet emploi un secrétaire bénévole car ce n’est pas
une sinécure que d’écouter et de compulser ce que l’on dit.
Ces articles et articulets forment le plus gros sottisier qu’un
mouvement puisse motiver. Les critiques ne sont pas très
variées du reste et après l’envoi de bochisme tourné de mille
manières, c’est presque toujours, en conclusion, le souhait
exprimé d’envoyer les dadaïstes à Charenton. C’est court
comme idée.
Louons cependant l’éclectisme de certains directeurs de
journaux qui ouvrirent largement leurs colonnes à la polé
mique dadaïste. M. Georges Casella facilita ainsi la tâche
des rédacteurs de Comœdia et je gage qu’il a souvent le
sourire en relisant certains articles quand il s’agit de Picabia,
car, a l’encontre de tant d’autres, il connaît l’œuvre, le
talent et la sincérité de ce peintre.
André Salmon, à Y Europe Nouvelle, a publié d’inté
ressants articles. Tous les grands quotidiens du matin et du
soir ont donné des opinions et jeté des mots saugrenus, durs
comme des coups de cailloux.
M. Paul Souday, dans le Temps à propos du dernier
festival, ramène à l’expression de la vérité tel besoin de har
diesse qui caractérise les jeunes. 11 est certainement trop fin
pour crier au scandale et trop éclairé pour jeter l’anathème.