ACTE TROISIÈME
SCÈNE I
LE MINISTRE DE LA PAIX
Depuis quinze ans je prépare la paix, faite
d’ordre, de vertu et de beauté.
J’organise l’intérieur, et depuis le ressort jusqu’à
l’aiguille, je règle les rouages de manière que la
force mathématiquement transmise
Marque finalement la grandeur de l’Etat.
Tout est divisé et classé, de l’inférieur au supé
rieur,
De la terre au ciel.
Sous les pieds de l’Empereur, et pour les distrac
tions de son existence,
J’ai créé et entretenu la vie de tout ce qui n’avait
pas de corps.
Chaque année est une marche que gravit l’esprit.
J’ai multiplié les escaliers, et élevé des tours, et
institué des concours de mâts de cocagne.
J’ai condensé des tables de la loi et les ai entas
sées en plusieurs bâtiments où chacun peut les
consulter.
Elles permettent de transmuer en poids le bien
et le mal, comme on transmue en chaleur le mou
vement.
Ainsi ai-je pu par le seul jeu de bascules subtiles
Etablir des catégories d’obèses ou d’étiques,
Et imposer de dures contraintes pénales à tous