Volltext: Nouvelle série No. 5(1er Octobre 1922) (NS 5)

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CHASSE GARDÉE 
Je quittai la classe de philosophie le samedi à quatre heures 
et je rentrai chez moi, nullement dans la joie de voir la semaine 
finie, mais l’esprit obsédé par l’obligation où je me trouvais de 
retourner au lycée après dîner pour prendre part à la composition des 
Trois Arts. Néanmoins je me déshabillai, à mon habitude, et je me 
mis à table, vêtu d’une chemise grise, d’un pantalon noir et de chaus 
settes blanches; après mon repas, je fumai un gros cigare. Mon cigare 
fini je pensai à m’apprêter. Je regardai ma pendule : neüfheureset quart. 
Or je devais être au lycée à neuf heures. La plus abominable catas 
trophe ne m’eût pas bouleversé davantage. « Je ne serai pas là-bas 
avant neuf heures et demie, me dis-je, et je n’aurai que deux heures 
et demie pour faire la composition que mes camarades font en trois. » 
L’idée qu’ils étaient déjà à l’ouvrage pendant que j’étais encore chez 
moi à m’habiller, m’était particulièrement intolérable, Je fus vite prêt. 
Vêtu Dieu sait comme, les cheveux au vent, la cravate dénouée, je 
me saisis de mes livres, de mon carton à dessins, de mon sous-cul et 
de quelques papiers où j’avais pris des notes pour apporter, le cas 
échéant, un secours illicite à ma mémoire défaillante. Dans ma préci 
pitation, je pris deux paires de gants. Quand j’arrivai au lycée, je 
m’aperçus qu’il n’était que neuf heures dix. Ce me fut un soulagement. 
Je fus également tranquillisé quand je vis d’autres élèves arriver sans 
se presser, la canne à la main et l’air dégagé, pour prendre part à la 
composition qui, à vrai dire (je m’en aperçus alors), était un examen. 
C’est donc avec le plus grand calme que je m’approchai d’une tan 
gente qui me remit quelques feuilles de papier bleu, me communiqua 
le sujet de J a composition, puis m’annonça que j’avais toute la nuit 
devant moi pour achever son travail, et même une partie du lende 
main si je voulais. 
La première épreuve portait sur la musique. Le sujet était le sui 
vant : « La S3 r mphonie en ut mineur de Beethoven. » J’en eus de la 
joie, car je connaissais assez bien cette œuvre. Je rassemblai immé 
diatement mes connaissances : « Cette symphonie est la cinquième.
	        
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