Volltext: Nouvelle série No. 5(1er Octobre 1922) (NS 5)

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Je m’engageai dans un couloir très étroit aux parois duquel étaient 
fixées face à face deux rangées de mannequins représentant des 
femmes dans des costumes divers, la plupart fort légers, et dont les bras 
étaient articulés et munis de gants de boxe. A côté de chaque manne 
quin, une petite fente, semblable à celle des distributeurs de chocolat 
Menier, et cette inscription sur émail : 
Pour Boxer 
METTEZ DIX CENTIMES 
Je choisis une brune dont les jambes étaient vêtues d’un maillot 
rose et le buste d’un corsage rouge retenu aux épaules par de minces 
bretelles de soie, et je glissai mes deux sous. Je reçus aussitôt une vio 
lente volée de coups de poings. Je commençai à me repentir de mon 
imprudence et je tentai de fuir sans riposter. Mais les bras des man 
nequins voisins sortirent immédiatement de leur immobilité et se 
mirent à me bourrer de horions. Je me démenais comme un beau 
diable, frappant à mon tour mes adversaires qui semblaient insensibles, 
lorsque le mannequin que j’avais provoqué le premier, allongeant 
ses deux jambes et s’appuyant du dos à la paroi du couloir, 
m’appliqua ses pieds si fort sur le ventre que je me trouvai 
pris entre eux et la paroi opposée comme dans un étau. Mes 
ennemis m’auraient assommé, si, d’un effort prodigieux, je ne m’étais 
dégagé. Je voulus d’un bond sortir de leur cercle, mais je butai et 
j’entraînai dans ma chute le mannequin rouge et rose. Il m’enlaçait 
étroitement et nous nous débattions à terre de telle sorte que nous 
mimions assez exactement l’amour. Je me remis à frapper. Sous mes 
coups le mannequin devint femme. Mes poings faisaient résonner ses 
côtes et mâchaient sa chair. Elle hurlait mais ne cédait point. Ce com 
bat corps à corps commençait à exciter singulièrement mes sens. Un 
instant après continuant à lutter, nous nous accouplâmes. Alors je me 
mis à la serrer entre mes bras avec une telle puissance que je la sen 
tis bientôt rendre le dernier soupir. J’essayai de me dégager, mais ses 
bras m’emprisonnaient. 
Max Morise.
	        
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