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la montée en devient ardue et comme étirée). La
MANUCURE monte, arrivée à la chambre n° i,
elle prend sa clef et entre : chambre très sordide
et désordonnée, aux murs des gravures découpées
dans « Le Petit Parisien Illustré », partout traînent
DES BAS A RACCOMMODER, elle dépose son
manteau, son costume, passe un peignoir démodé
et défraîchi, enlève sa perruque et apparaît coiffée
de ridicules petites nattes, elle est très brune. Elle
met des pantoufles très « savates », SES bas tombent,
elle se GRAISSE LA FIGURE, se met au lit, rêve
de l’Américain (bijoux, luxe, Rolls-Royce), puis du
Cycliste (amour, tandem, repas sur l’herbe). Les
deux personnages se confondent, se superposent, et
tels des équilibristes, montent sur les épaules l’un
de l’autre, ils s’écroulent en même temps, ne sont
plus que des morceaux épars que le Cul-de-jatte
ramasse en tas dans son chariot qu’il traîne alors à
toute vitesse, tout s’estompe...
La chambre n° 2, celle du Marchand de cartes pos
tales, elle est très virginale cette chambre ; au lit,
des rideaux de mousseline, un grand crucifix et
branche de buis, images pieuses, impression d’aus
térité, le Marchand de cartes prépare son cours de
THÉOLOGIE pour le lendemain, puis fait l’inven
taire de sa vente de cartes, il met son bénéfice dans
une tirelire et explique à son chien que cet argent
est destiné à l’achat d’une statue équestre de Jeanne
d’Arc, grandeur nature. Il se met a table après avoir