ERIK SATIE
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Le ridicule les attire. Exemple : — Lavignac, dans
son livre de La Aîusique et Les Æusiciens (page 556), dit
que « l'école française peut à juste titre, s’enorgueillir
« de compter dans ses rangs des maîtres comme : Gastinel,
« Colomer, Canoby, Mme la Comtesse de Crandval,
« Falkenberg, Mlle Augusta Holmes, Lepot-Dela-
« HAYE, de Boisdeffre, William Chaumet, etc.... » (Un
pari, n’est-ce pas?)....
11 est évident que ces Maîtres ont fait leurs preuves.
Le Monde entier les vénère — vénériens, sûrement....
Remarquez qu’heureusement, niChabrier,niDebussy,
ni Dukas ne figurent parmi ces « maîtres dont l’école
« française peut à juste titre s’enorgueillir. »
.... Et dire que Lavignac était un fort brave homme!...
Notez que son livre est très consulté et qu’il donne le
“ton” dans les milieux pédagogiques... Hein?..
Voilà ce que l’on enseigne à nos pauvres petits
enfants!... 11 est neureux que je n'en aie pas — même pas
un seul.
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* #
Le XIX* siècle nous a donné trois Seconds Prix de Rome
saillants : — Camille Saint-Saëns, Paul Dukas et Mau
rice Ravel.
L’esprit * ‘ concours de l’Institut ” est visible chez
Saint-Saëns et Ravel; il est invisible chez Paul Dukas.
Ce musicien est le seul élève du Conservatoire dont le
sens créateur n’a pas été faussé par l’origine de son ins
truction; et l’auteur de La Péri est un des plus estimables
penseurs qui soient, un admirable technicien.
Il n'y a rien du “pion” en Paul Dukas.