Volltext: 4(1922), juin-juillet = Nr. 27 (27)

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dégoûte, et alors recommencent les tiraillements entre l intellect et les 
sens... Si c'est là l'avenir qui attend le cinéma, souhaitons bonne chance 
aux précurseurs, rénovateurs, critiques ainsi qu'aux académistes, pom 
piers, fauves, cubistes, puristes, et tutti quantistes de l'Art muet. 
Le cinéma possède un instrument admirable, l'objectif qui capte 
la vie plastique, la mimique, particulièrement celle du visage, mais il 
dépend de l'état d'avancement de la peinture, de la sculpture, et de la 
littérature. Il en dépend, et malheureusement, il court souvent après 
elles. Son charme lui vient de sa jeunesse et de sa puérilité. Il convient 
à ce que nous avons de plus profond et de plus primitif en nous : le 
goût des images, des images animées. Mais quand il tentera d’être 
autre chose, psychologie, littérature, roman, il deviendra gauche, 
insupportable, ridicule. 
Le prestige du cinéma est dû au fait qu'il est non seulement une 
reproduction palpitante des choses, mais une amplification, une apo 
théose dans le renforcement de la lumière et l'acuité de l'objectif : 
Voici que sur la toile flotte l'imaged'une amazone. Jamais l’œil humain 
ne l’aurait saisie si intensément. Elle place le pied à l'étrier, vivement 
se met en selle. Un haut-le-corps. Le cheval part d'un trait. — Vision 
charmante ; grâce et force. Il y a dans ce tableau mouvant infiniment 
plus que dans la réalité : l’art de la mise en scène, et le miracle de la 
lumière concentrée sur un objet. Mais cette image qui danse sur la 
toile vaut-elle en nombre, sinon en intensité toutes celles qui accou 
rent dans mon esprit dès que je prononce ou que j'écris ce mot : 
« Amazone »? Un groupe phonétique d'abord, puis graphique, plus 
maigre et pâle, a remplacé toutes les images visuelles dont quelques 
unes seulement ont passé sur l'écran. L'amazone de mon esprit est 
légion ; elle est plus insaisissable et fuyante que celle de votre toile : 
je la vois au Bois, en redingote et en melon, au cirque en robe pailletée; 
elle estrougeaudeetrogue, blonde et frêle;elle rentre au manège ouensort 
par la rue de la Faisanderie ; je la vois sous les traits fiers de Penthé 
silée, la reine couverte d'une peau de panthère... Pour couper ce film 
infini, je suis obligé d'évoquer une autre image qui s'intercalera dans 
la chaîne qui se déroule dans mon cerveau. 
Laissons donc au Verbe et à l'Image leurs caractéristiques res
	        
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