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LES ARTS
ments hétéroclites qu'ils cherchent l'originalité. Erreur, mais sommes-
nous bien sûrs d'en être déjà revenus ?
Quel aspect nous offrirait une exposition du « décor de la vie sous
la troisième république » ? Il est permis de croire que les organisateurs
auraient de la peine à fixer les principes de leur choix. Plus on avance
et plus le « style » s'évanouit jusqu'à mourir. Si quelques artistes ont
encore conscience de ce qu’il pourrait être, aucun d'eux n'est admis à
passer du rêve à la réalisation de ses projets. Des poètes nous décou
vrent sans doute un « décor de la vie » non voulu, d’une beauté qu'il
suffit de sentir mais que combien sentent ? Or, l’art décoratif n’est pas
un produit de cénacle. Les contemporains de Napoléon III ont pu se
tromper; encore furent-ils les complices sinon d'un « style », du moins
d'un « goût ». Le seul fait que l'on ait pu songer à l’exposition du
Pavillon de Marsan en est un témoignage.
Cette vie si lourdement ornée est celle d'une cour brillante et
bourgeoise, d’une aristocratie cossue. Triomphe assez bref dont l'esca
lier de l'Opéra m’apparaît le plus durable symbole. Et comment nier,
les soirs de gala, que d’une telle accumulation de détails médiocres il se
dégage une beauté réelle parce qu'expressive d'un idéal donné ? C'est
nous qui ne « tenons » plus dans un décor qui continue à « tenir » par
lui-même. Et quel est aujourd’hui notre décor? Le bureau américain,
le fauteuil club ? Ils ont aussi leur signification dramatique, avec leur
vertu de confort. Cela peut-il suffire à les rendre beaux ?
La peinture du second empire, n’en parlons pas cette fois. Dela
croix vit encore et la plupart des romantiques ; les impressionnistes
débutent. Les uns et les autres sont ici présents, ce qui chronologique
ment se justifie alors que, du point de vue sentimental, seuls Constan
tin Guys et Carpeaux, Alfred Stevens et Winterhalter mériteraient
orne place importante. Plusieurs « petits maîtres » mieux à l'échelle du
temps ont le charme relatif de chroniqueurs spirituels.
Dans la toilette comme dans l’ameublement la ligne disparaît, étouffée
sous une redondance de volants et de coussins. « Peu de femmes pour
tant d’étoffes en point d’orgue », dit Max Jacob. Comparez aussi le
berceau du Prince impérial à celui du Roi de Rome, exposé au Petit
Palais avec les œuvres de Prud’hon.