Volltext: 4(1922), février = Nr. 25 (25)

SVÉA 
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une forme inédite; je n’avais aucune faim pour la tarte, la glace à la 
framboise, mais souhaitais être tarte et glace, dont elle approchait sa 
bouche. Je faisais avec la mienne des grimâtes involontaires. 
Ce n’était pas par vice que je convoitais Svéa, mais par gour 
mandise. Ses joues m’eussent suffi, à défaut de ses lèvres. 
Je parlais en prononçant chaque syllabe pour qu’elle me comprit 
bien. Excité par cette amusante dînette, je m’énervais, moi toujours 
silencieux, de ne pouvoir parler vite. Je sentais un besoin de bavardage, 
de confidences enfantines. J’approchais mon oreille de sa bouche. Je 
buvais ses petites paroles. 
Je l’avais contrainte à prendre une liqueur. Après, j’eus pitié d’elle 
comme de ces oiseaux qu’on grise. J’espérais que sa griserie servirait mes 
desseins, car peu m’importait qu’elle me donnât ses lèvres de bon cœur 
ou non. Je pensais à l’inconvenance de cette scène, chez Marthe, mais, 
me répétais-je, en somme je ne retire rien à notre amour. Je désirais Svéa 
comme un fruit, dont une maîtresse ne peut-être jalouse. 
Je tenais sa main dans mes mains qui m’apparurent pataudes. 
J’aurais voulu la déshabiller, la bercer. Elle s’étendit sur le divan. Je me 
levai, me penchai à l’endroit où commençaient ses cheveux, duvet 
encore. Je ne concluai pas de son silence que mes baisers lui fissent plai 
sir; mais incapable de s’indigner, elle ne trouvait aucune façon polie 
de me repousser, en français. Je mordillais ses joues, m’attendant à ce 
qu’un jus sucré jaillît, comme des pêches. 
Enfin j’embrassai sa bouche. Elle subissait mes caresses, patiente 
victime, fermant cette bouche, et les yeux. Son seul geste de refus consis 
tait à remuer faiblement la tête de droite à gauche, et de gauche à 
droite. Je ne me méprenais pas, mais ma bouche trouvait l’illusion 
d’une réponse. Je restais auprès d’elle comme je n’avais jamais été 
auprès de Marthe. Cette résistance qui n’en était pas une flattait mon 
audace et ma paresse. J’étais assez naïf pour croire qu’il en irait de même 
ensuite et que je bénéficierais d’un viol facile. 
Je n’avais jamais déshabillé une femme; j’avais plutôt été désha
	        
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