Volltext: 4(1922), février = Nr. 25 (25)

STÉNOGRAMMES 
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FINALE 
Adieu les mois! Le temps n’est plus d’être nous- 
mêmes pour les autres. La vie a emboîté le rêve. La 
vie s’est drainée des pensées stagnant dans une 
attente de gloire, des gestes raidis dans un désir de 
fixité. Notre âme a déchiré sa robe de courtisane. 
L’être anonyme et saugrenu ne couchera plus avec 
elle par la procuration du livre. Ne plus écrire. 
Le temps, libre et vaste voie jadis, se rétrécit 
toujours davantage. Le temps n’est aujourd’hui qu’un 
câble étroit sur lequel notre activité s’avance comme 
une danseuse de corde. Les jours ressemblent à des 
pages quadrillées qui n’auraient même plus la marge 
du rêve. Appels de l’or et du plaisir. Nécessités immé 
diates. Communion dans le présent. On regarde la vie 
par le petit côté de la jumelle. Le boxeur, la dactylo, le 
nègre sont des premiers plans. Où te nicher, poésie ? 
Le génie est une encombrante obésité. Que notre 
sensibilité se profuse donc en paroles fugaces, en 
gestes vains : oh ! beauté de l’idée qui s’élance et 
retombe sur elle-même avec la stérile verticalité du 
jet d’eau! Il faut acclimater l’imagination aux pays 
des formules et du chiffre. Il faut laisser à l’esprit sa 
franche salure au lieu de le mettre en conserve pour 
des siècles perfides. Fini le prétentieux tourisme de 
nous-mêmes ! Notre vision doit saisir tous les visages 
du monde sans se détendre pour les recréer en elle. 
Il n’est de vrai que l’éphémère. Le reste a un goût de 
musée et de vieilles dames. Adieu les mots ! 
Marcel RAVAL
	        
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