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MOGANNI NAMEH
I
Il venait d’arriver.
Déjà le fiacre l’emportait vers la Ligowka lointaine.
C’était bien Saint-Pétersbourg et son climat malsain. Une bruine
continue pleuvait, mêlée de suie. Les roues du fiacre rayonnaient dans la
boue, éclaboussaient. Une foule très sale lambinait dans les rues, muette.
Des uniformes sombres de gendarmes. Des barbes hirsutes de moujiks,
vendeurs de pommes. Le clinn-clinn continuel des tramways, maintenant
électriques. Et rien d’autre de changé. Toujours bien la même ville, où
le long du canal Obwodnij tombent des hommes ivres et toujours le
même ciel bas, ce même ciel triste et bas...
Des clôtures de planches. Des affiches à moitié lacérées. Des
masures qui se tassent. Puis, la haute façade d’une fabrique de papier.
Quatre cheminées, longues et moisies. Une fumée âcre, iodée. Du vent.
Des jets de vapeur. Les tristes maisons d’un faubourg ouvrier, casernes