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Comme si tous les chats du monde l’eussent assailli aux
reins, de l’errant à demi enragé au siamois bigle épanoui en
ruses scélérates!
Il souffrait encore de ne pouvoir révoquer cette pensée
imbécile : « Si Poustikette me voit si pâle, elle refusera de
parler. »
Il s’essayait douloureusement à sourire.
Or, assise sur son derrière, Poustikette daigna parler.
Dominique Dalibert se cramponna au dossier du fauteuil
Voltaire, gêné par ses manchettes de carton couvertes de notes
et qui lui tombaient sur les doigts.
La voix de la chatte savante — a-t-on licence d’écrire
semblables choses? — était une sorte de ronronnement guttu
ral, rythmé par un effort qui faisait trembler la petite gorge
blanche, quelque chose d’à peine articulé, si bien qu’il fallait
d’une oreille mieux que fine, dévote, capter chaque son devant
qu’il allât s’évanouir dans un autre. Une cascade précipitée de
bulles de sons s’absorbant en un flottant volume de résonances.
L’hymne de la quatrième dimension. Sa poésie, sa métri
que, sa vertu numérique, son climat et son essence même !
O Dalibert! les oreilles te tintent si haut! Entendras-tu
Poustikette?
Il l’entend, le bienheureux! le misérable!...
— Gnonou... ahm... mon mmaîtr’...
— Va!... Va!... Unique!...
— Krrri...a...ôoos...i... gnn’...est... un ...oleu.
— Kri...janowski est un voleur?
— ...Ou...i...
— Il m’a volé?... Lui... mon disciple chéri?
— Tes papiers ...’ecrets... gn’a en ...irrro...ar.
— Le tiroir du petit bureau?