Volltext: 3(1921), décembre = No. 6 (6)

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encore comme des poissons rouges dans un bocal, des yeux 
qui sonnent comme des pois secs dans un grelot. C’est une 
étrange musique. Le concert du monde. 
Descendez un seau dans le puits. Je suis ici avec la vérité qui 
a mine de tripière. Elle est coiffée d’un bonnet phrygien. Oh 
oui ! c’est bien trop profond pour que la lune vienne danser 
avec nous. Moi, j’ai toujours soif. Je comprends très bien tout 
ce que vous dites, Monsieur, mais qui êtes-vous ? Je ne vous 
connais pas. 11 y a certainement une erreur. C’est le diable qui 
est dieu. Je vous en supplie, arrachez-lui son masque et vous 
verrez. Vous verrez la figure si pâle de mon ami. Vous com 
prendrez alors que je ne puis pas vous pardonner. Je vous 
entends au fond d’un microphone. Mes nerfs fonctionnent très 
mal, quelle friture! Ne me secouez pas je vous en prie. Je répète 
une comédie. 
“ .... Jésus 1 allons ! ” 
Vous avez du chagrin, Monsieur, que voulez-vous ? Moi 
aussi j’ai été enfant de chœur à Vendôme dans la vieille cha 
pelle du lycée. Style épistolaire. J’étais joli comme un amour. 
Nous faisions des farces à l’aumônier, un'gros. Une fois j’ai noyé 
un papillon dans la burette au vin, avant la messe, du vin rouge 
de Banyuls. Miracle authentique. L’aumônier a bu le papillon 
sans rien dire. Il n’a jamais rien dit. Il réunissait les enfants 
de chœur chez lui. Il nous racontait des histoires bleues sur 
la Sainte-Vierge. C’est lui qui m’apprit un soir d’hiver la vie 
de Sainte-Catherine de Sienne. Sainte-Catherine, quel poète! 
Vous, Monsieur, qui êtes aumônier militaire, vous devriez faire 
des poèmes pour les agonisants. Nous, nous faisions cuire des 
marrons sous la cendre. Nous étions promis au royaume de 
Dieu. Je parle beaucoup parce qu’il le faut. 
Je sais néanmoins ce qu’on appelle extase, mon âme au bout 
d’un fil. Mon cœur est en plomb. Maintenant, tirez la corde 
du puits, remontez-moi vers le soleil. Merci oh merci ! Quand 
j’ai fait ma première communion, voyez-vous, j’ai promis à 
l’aumônier de dire chaque soir un pater et un ave, jusqu’au 
jour de ma vingtième année. Oh je suis bien puni. Croyez-vous
	        
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