Volltext: 3(1921), décembre = No. 6 (6)

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votre questionnaire, alors qu’une telle confusion règne dans 
les esprits! Que ne me demandez-vous plutôt une étude 
concernant « L’influence des théories des peintres sur la 
vision de certains critiques d’art ». Voilà une étude exci 
tante, sur l’opportunité de laquelle je vous conseille de réflé 
chir. 
— Mais revenons à la peinture triste. N’accusez pas les 
peintres de la salle 2 d’introduire en peinture des formules 
nouvelles et dévastatrices. Ils ne font que cultiver une tech 
nique traditionnelle, celle de l’école de Barbizon (1), et que 
tirer parti des matières pittoresques que le temps, ce cui 
sinier, a déposées sur les toiles de nos Musées. Comme les 
peintres de Barbizon, ils s’arrêtent plutôt devant les Rem 
brandt dénaturés du Louvre que devant Rubens — dont on 
peut encore percevoir la fraîcheur sous la crasse des vieux 
vernis. Leur point de départ est contestable, mais là comme 
partout ailleurs, le résultat seul importera. Il y aurait bien 
des désillusions et bien des émerveillements si un beau jour 
un pieux « vandale », s’introduisant au Louvre, muni d’un 
actif décapant, en frottait énergiquement le bœuf écorché! 
Vous verriez s’épanouir ces sauces dorées qui l’accommodent 
si mal, et apparaître des roses, des bleus, des lilas, des gris 
et des rouges; vous assisteriez ainsi à la ruine d’une supers 
tition et d’une théorie qui, pour n’avoïr pas son aède, n’en 
est pas moins active. 
Je poursuis la lecture de votre questionnaire et je cons 
tate qu’il faut que la confusion dont je parle plus haut 
soit bien grande pour que les mots « plasticité, mesure, 
discipline » semblent, dans votre esprit même, impliquer 
tristesse et austérité. — Mais les musiciens et les poetes 
que vous citez, et qui sont mes poètes et mes musiciens 
préférés, ne possèdent-ils pas les vertus de mesure et de 
discipline dont les peintres « cubistes » ou « néo-cubistes », 
je ne sais plus, ont fait leurs vertus coutumières? En quoi 
le goût de la chose bien faite et l’amour de la pertinence 
peuvent-ils être opposés au goût de l’humour, du pitto 
resque et de la fantaisie, je vous le demande à mon tour? 
Le Poussin, qui est le peintre mesuré et discipliné par excel 
lence, introduit dans chacun de ses tableaux des détails 
pittoresques et amusants : on s’en apercevra le jour où le 
trop prudent personnel de la Conservation des Musées natio 
naux se décidera à les faire nettoyer. La tristesse ne gît, 
(1) Corot excepté.
	        
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