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croyez-moi, que derrière les lunettes de M. Vauxcelles, et
dans cette éternelle larme qui pointe à ses cils. Ne lisez plus
ses mornes palmarès et regardez, avec des yeux non pré
venus, les œuvres de Maria Blanchard, de de la Fresnaye,
de Bissière, de Gernez, de Lotiron, etc. Vous vous aper
cevrez ainsi que la Poésie, la Musique et la Peinture (mal
gré l’indifférence qu’affectent les uns pour les autres pein
tres, musiciens et poètes) n’en marchent pas moins la main
dans la main, comme au temps de l’impressionnisme, lequel
n’est pas défunt, ainsi que beaucoup le pensent, mais a sim
plement passé du plan musical et coloré au plan plastique,
sur lequel il essaie d’édifier de nouvelles assises.
Excusez-moi, monsieur, de répondre à votre consultation
autrement peut-être que vous ne l’eussiez désiré; j’aurais
eu encore bien des réflexions à joindre à celles qui pré
cèdent, mais elles eussent fait double emploi avec celles
que je publie dans la Nouvelle Revue Française de ce mois,
sous le titre « Réflexions sur le Salon d’Automne ».
André LHOTE.
*
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Je me suis ennuyé profondément dans la Salle II, au Salon d’Au
tomne, bien qu’il y figure des morceaux dont l’intérêt est certain. De
vant ces quelques œuvres pour lesquelles j’ai fait exception, j’ai pour
tant ressenti une fois de plus l’amertume de voir des talents-nés se
perdre dans des doctrines fabriquées, des natures qui auraient pu être
libres, se mettre dans l’esclavage d’un dogme déplorablement systé
matique et rigidement luthérien. Il est possible que les envois de la
Salle II soient « l’expression fidèle des tendances artistiques actuelles ».
J’ai bien le goût de rester jeune toujours et de toujours être avec les
jeunes, mais, sans vieillir, je reste fidèle à la croyance de mes vingt
ans, qu’il faut pour l’artiste se maintenir dans l’indépendance absolue,
MÊME EN FACE DES LOIS QUI POURRAIENT ÊTRE BONNES EN ELLES-MÊMES.
Je crains que dans le désir de discipline qui anime tant de nos jeunes
peintres ne se glisse, à côté d’un sentiment louable, une fâcheuse
obéissance à des Règles, attitude qui n’est digne ni de leurs personnes
ni de leurs pinceaux. Résolument individualiste en art, je m’effraie de
les voir marcher à la file indienne derrière des chefs scolastiques.
C’était bon au temps d.e la tranchée quand il y avait des sergents, mais
un peintre n’a pas besoin d’uniforme : son devoir est de le piétiner.
Les vraies tendances artistiques actuelles s’affirmeront à la lumière du
soleil, — oui, du soleil qui tout de même existe, — lorsque chacun
des hôtes de la Salle II, et d’autres, reprendront leur liberté, pour tout
dire déserteront l’Ecole, plus redoutable que celle de la rue Bonaparte,
où des maîtres ennuyeux, d’une rugueuse austérité leur ont appris les
secrets, à vrai dire, peu mystérieux, de la monotonie en quelque sorte
automatique. Que, dans un temps où, politiquement, économiquement,
internationalement, tout n’est que désordre et gestation confuse d’un
monde nouveau, l’artiste éprouve le besoin de freiner ses emballements
et de brider ses délires, rien n’est plus rationnel. Mais je considère qu’il