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aquarium. On n’y voyait rien que des livres. Les quatre murs
en étaient tapissés, partagés en rayons comme le miel et la
cire d’une ruche; des piles de bouquins qu’on n’avait pas
encore eu le temps de classer (accablement ou négligence du
jeune Edon Krijanowsky, disciple secrétaire) s’élevaient en
colonnes branlantes, penchées chacune autant que la Tour
de Pise, avec des creux et des renflements, des retraits et des
avancés tels que cela aussi, par delà hauteur, largeur et
profondeur donnait à rêver de la quatrième dimension, là où
gît cette somme, ce cristal ou ces vapeurs de connaissance à
quoi parfois l’on touche en rêve pour demeurer, au réveil, les
mains vides, ridicule, burlesque dans la demi-nudité du som
meil bourgeois, parmi des bouquins écrasés, ouverts à contre-
pages, les coins cassés comme des nez, petite armée anéantie
de docteurs guerriers vêtus de toile rude et de basane. A peine
avait-on mesuré assez de place pour loger, au faîte d’une
bibliothèque, un buste du Docteur Subtil, lequel au douzième
siècle fit, dit-on, parler les bêtes, ou du moins les entendit;
un autre buste d’un bronze si vert-grisé qu’il semblait le tronc
moisi d’un nègre et qui était celui de Geoffroy Saint-Hilaire.
Entre les deux larges fenêtres s’ouvrant sur le décor mesuré
des poiriers, pêchers et abricotiers de la pépinière du Luxem
bourg, un portrait du maître, un tableau à l’huile, durement
verni et qu’on voyait noircir un peu plus à chaque aurore,
exécuté par M. Werth — c’est assez dire l’étroitesse de cette
image — pour qui Dominique Dalibert avait posé en uniforme
noir d’officier d’état-major, lieutenant-colonel directeur du
Centre territorial de zoophilie militaire, pigeons-voyageurs,
chiens de guerre et souris avertisseuses pour sous-marins, ce qui
eût pu, jusqu’à un certain point, et si l’on se réfère à telle
guerre de bureaux point encore oubliée, donner droit au savant