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rante qui se trouve dans n’importe quel texte
de rhétorique pas très mauvais, est peut-être
une des plus anciennes que l’on connaisse.
Vous ne la trouverez pas seulement dans les
textes d’esthétique, vous n’avez qu’à ouvrir le
Dictionnaire Philosophique de Voltaire, au
mot « imagination », et vous trouverez ceci :
«Elle rapproche plusieurs objets distants».
La même définition vous la trouverez dans
la Psychologie d’Abel Rey publiée à Paris,
en 1903, à la page 309-311.
Vous voyez bien qu’elle n’est pas d’hier,
qu’elle n’est pas si originale que vous la croyez.
J’ajoutai alors, et je le répète ici, que le poète
est celui que surprend la relation occulte entre
les choses les plus lointaines, les fils cachés qui
les unissent. Il s’agit de toucher du doigt comme
une corde de harpe ces fils cachés, et donner
une résonnance qui met en branle les deux
réalités lointaines.
L’image est l’agrafe qui les attache, l’agrafe
de lumière. Et sa puissance réside dans la joie
de la révélation car toute révélation, toute décou
verte produit dans l’homme un état d’enthou
siasme. L’homme aime qu’on lui découvre cer
tains côtés des choses, certains sens cachés
de phénomènes, ou certaines formes qui, de
plus ou moins habituels passent à être imprévus,
à prendre une double importance.