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ailleurs que dans la tête du poète, il n’est pas
beau par souvenir, il n’est pas beau parce
qu’il nous rappelle des choses vues qui étaient
belles, ni parce qu’il décrit de belles choses
que nous avons la possibilité de voir. Il est
beau en soi et il n’admet pas de termes de
comparaison. Il ne peut pas se concevoir ail
leurs que dans le livre.
Il n’y a rien de semblable à lui dans le monde
externe, il rend réel ce qui n’existe pas, c’est-
à-dire il se fait lui-même réalité. Il crée le
merveilleux et lui donne une vie propre. Il crée
des situations extraordinaires qui ne pourront
jamais exister dans la vérité et à cause de cela
elles doivent exister dans le poème afin qu’elles
existent quelque part.
Lorsque j’écris « L’oiseau niché sur l’arc-en-
ciel » je vous présente un phénomène nouveau,
une chose que vous n’avez jamais vue, que vous
ne verrez jamais et que pourtant on voudrait
bien voir.
Un poète doit dire ces choses qui sans lui ne
seraient jamais dites.
Les poèmes créés acquièrent des proportions
cosmogoniques ; ils vous donnent à chaque
moment le véritable sublime, ce sublime dont
les textes ont tellement du mal à nous présenter
des exemples si peu convaincants. Et ce n’est
pas le sublime agaçant et grandiose, c’est un