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le milieu de la revue « Sic ». Je connaissais
très peu la langue mais je me rendis vite compte
que c’était un milieu très futuriste et il ne faut
pas oublier que deux ans avant dans mon
livre « Pasando y pasando » j’avais attaqué
le futurisme comme très vieux, au moment
même où tout le monde criait à l’avènement
de quelque chose de tout à fait nouveau.
Je cherchais partout cette poésie créée,
sans rapport avec le monde externe et parfois
quand je croyais la trouver je m’apercevais
bientôt que ce n’était que mon manque de
connaissance de la langue qui me faisait la
voir là où elle n’était pas du tout ou à peine
en petits fragments comme dans mes plus vieux
livres de 1913 et 1915.
Avez-vous remarqué la force spéciale, l’am
biance presque créative qui entoure les poésies
écrites dans une langue que vous commencez
à balbutier ?
Vous trouvez merveilleux des poèmes qui
vous feront sourire un an après.
Le milieu d’Apollinaire contenait, à part
lui qui était un poète indiscutable, quelques
chercheurs sérieux ; malheureusement la plu
part très peu doués du feu sacré, car rien de plus
faux que de croire que les dons courent les rues.
Les véritables dons de poète sont la chose la
plus rare qui existe. Je ne prends pas ici le