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C’était exactement dans le fond ma concep
tion d’avant mon arrivée à Paris, cet acte de
création pure que vous trouverez partout
comme une véritable obsession à travers mon
œuvre depuis 1912. Elle reste encore ma concep
tion actuelle de la poésie. Le poème créé de
toutes pièces comme un objet nouveau.
Je tiens à répéter ici cet axiome que j’ai
présenté dans ma conférence à l’Athénée de
Madrid en 1921 et dernièrement à Paris dans
ma conférence à la Sorbonne comme résumé
de mes principes esthétiques : « L’Art est une
chose et la Nature une autre, j’aime beau
coup l’Art et j’aime beaucoup la Nature. Si
vous acceptez les représentations qu’un homme
fait de la Nature, cela prouve que vous
n’aimez ni la Nature ni l’Art. »
En deux mots et pour finir : les créationnistes
ont été les premiers poètes à apporter à l’art
le poème inventé de toutes pièces par son auteur.
Voici dans ces pages sur le créationnisme,
mon testament poétique. Je le lègue aux poè
tes de demain, à ceux qui seront les premiers
de cette nouvelle espèce animale, le poète, de
cette nouvelle espèce qui va naître, je crois
bientôt. Il y a des signes dans le ciel.
Les presque-poètes d’aujourd’hui sont très
intéressants, mais leur intérêt ne m’intéresse pas.
Le vent tourne ma flûte vers l’avenir.