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un spectateur qui regarde tout à fait de dehors,
ce serait notre poésie qui aurait beaucoup plus
l’air de poésie de fous, que celle des véritables
aliénés. • •*#***
Ils sont beaucoup plus près de l’Académie
Française que nous, et très souvent leur poésie
à côté de la nôtre serait pour tout le monde la
sagesse même.
Évidemment je préfère la poésie des fous à
celle qu’on appelle la bonne poésie. Entre le
livre d’un fou et un livre de Rostand, certaine
ment je préférerais acheter celui du fou. Mais
entre le livre d’un fou et un livre de Paul Eluard,
je préfère le livre de ce dernier.
L’imagination des fous est une imagination
dégringolante et quand elle n’est pas d’une
vulgarité incroyable, elle est d’une incohérence
banale.
Un médecin me soutenait un jour que la
poésie étant un fruit de l’inconscient, tout le
monde peut être poète. Cette affirmation ne
mérite pas de réponse.
Socrate a dit « que les poètes composent
par instinct, de la même façon que les oracles,
sans avoir conscience de ce qu’ils disent. »
On veut toujours voir dans la soudaineté et
la fièvre de l’inspiration une preuve contre la
réflexion.
Le poète se sent pris par une force irrésis